Article de Maximilien Gauthier, paru vers 1923 dans La Renaissance politique, littéraire et artistique

 

VINGT MINUTES AVEC M. JEAN DUNAND (extrait)

 

"Je suis né en Suisse, dans un département montagneux, en 1877. J'ai étudié à l'Ecole des Arts Industriels de Genève, puis je suis venu à Paris apprendre la sculpture dans l'atelier de Jean Dampt, où j'avais pour camarades Boutet de Monvel, Angst, Gallot, l'animalier Henri Valette. Ensuite ? J'ai exposé à la Société Nationale. Je me suis marié... La volonté de gagner ma vie a bien été pour quelque chose dans ma renonciation à ce que l'on appelait le Grand Art, en 1906.
- Regretteriez-vous ?
- En aucune façon. J'ai pu me consacrer uniquement à un métier que j'aime, affranchi de la nécessité de quémander les commandes officielles ou d'accepter de me charger de "boulots" alimentaires. J'ai travaillé, j'ai normalement vécu...".

"Un jour, en examinant de très près certains vases japonais que l'on m'avait donnés à restaurer, je me suis aperçu que les chaudronniers nippons augmentaient encore la magnifiscence de leurs travaux en ayant recours à la laque, dont je me mis à chercher en vain le secret : car on ne saurait considérer comme laques les vernis fragiles et tôt opaques dont certains industriels "décorent" leurs japonaiseries de bazar. Mais il se trouva, par bonheur, que les japonais eux-mêmes, intéressés par mes ouvrages de chaudronnerie, eurent à me demander certains renseignements d'ordre technique. J'en profitai pour leur proposer un échange : je ne consentais à leur livrer mes "secrets" que dans la mesure où ils m'expliqueraient les leurs. Et voici comment, aujourd'hui, je produis des laques authentiques et à meilleur compte que mes initiateurs eux-mêmes".

 

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