Article de S.-R. Nalys, paru en 1935 dans le n°165 de L'Officiel de la mode

 

A BORD DE "NORMANDIE" - LES LAQUES DE DUNAND


L'on se souvient du terrible incendie qui détruisit l'Atlantique, le magnifique superliner, qui portait si haut notre pavillon au delà des mers.

Au lendemain du sinistre, Jean Dunand, qui avait exécuté pour le salon et la salle à manger de l'Atlantique une série de panneaux de laque sur bois, étudia les moyens de soustraire de telles oeuvres aux atteintes du feu.

Ses recherches furent couronnées de succès et il découvrit une matière incombustible, sorte de ciment plastique, permettant de remplacer le bois comme support des laques.

C'est donc, à cet égard, une technique nouvelle que Jean Dunand a mise en oeuvre sur Normandie.

Comme on le sait, Jean Dunand a réalisé, pour le grand salon et le fumoir de Normandie, une série de gigantesques panneaux, certains mesurent cinquante mètres carrés, qui marquent une date dans le domaine de l'art décoratif.

Il s'agit de compositions en bas-relief laqué d'or, conçues sur le thème des jeux et des joies de l'homme : la conquête du cheval, la chasse, la pêche, les vendanges, la danse et les sports. Il convient de souligner que les panneaux ont été sculptés en bas-relief, directement, à la gouge et à la râpe, sans modèle, ni en terre, ni en plâtre, à la manière des bas-reliefs de l'ancienne Egypte. Quant aux laques de couleurs et aux ors de toutes transparences, on peut affirmer que Jean Dunand s'est ici surpassé.

Certes, dans la technique chère à Dunand, des oeuvres maîtresses nous ont été laissées, depuis l'antiquité. Nous connaissons les grands bas-reliefs de pierre du Proche-Orient, et nous admirons sans réserve les précieux laques d'or de l'Extrême-Orient.

Mais ce qui n'avait jamais été réalisé, dans l'histoire de l'art, c'est la réunion de ces diverses techniques et l'amalgame de ces différents moyens d'expression.

Jean Dunand a su accomplir cette synthèse et intégrer dans notre monde moderne les plus vieilles civilisations.

Il peut s'en montrer fier. Quant à nous, nous ne cacherons pas notre joie de savoir qu'un nom français a signé de pareils chefs-d'oeuvre.

 

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