1909-1918
En février 1909, il accomplit un court voyage en Italie. Il y fait la connaissance d'un jeune orphelin, Francesco Zambon, qui rentre avec lui à Paris. Très vite surnommé Kéco, c'est comme apprenti que Dunand l'engage dans son atelier. Il y restera pratiquement toute sa vie. Petit à petit, il devient le principal collaborateur de Dunand et sera responsable de l'atelier de métal. Cette même année, Jean Dunand prend part à la première manifestation du groupe La Cimaise, dont il est membre fondateur et qui regroupe des artistes traitant des arts décoratifs.
Jules-John Dunand décide à cette époque de franciser ses prénoms et choisit de se faire nommer Jean Dunand.
En décembre, la Société des artistes de L'Éclectique dont l'écrivain Anatole France est président d'honneur, organise son deuxième Salon parisien. Le catalogue annonce 32 lots sous le nom de Jean Dunand. Dès l'ouverture, plusieurs de ses plats en cuivre argenté seront achetés par Monsieur Dujardin-Beaumetz, sous-secrétaire d'État aux Beaux-Arts; ils font maintenant partie des collections du musée d'Orsay.
En mars 1910 a lieu la manifestation des Artistes décorateurs. Lors de la visite inaugurale, Dujardin-Beaumetz renouvelle ses achats en choisissant cette fois un vase en cuivre mesurant 70 cm de hauteur et 50 cm de diamètre pour le musée du Luxembourg (aujourd'hui également au musée d'Orsay). Dunand est nommé sociétaire du Salon d'Automne, et participe à l'Exposition internationale de Buenos-Aires. Il entreprend de décorer la salle des fêtes de la ville de Lucerne, en Suisse, à la demande de la municipalité.
L'année 1912 constitue le second grand tournant de sa carrière : le 18 février, il a rendez-vous avec le Maître du laque japonais Seizo Sugawara. Dunand a déjà travaillé un peu la laque, mais dans le seul but de prévenir ses vases de la rouille. Ayant entrevu des possibilités d'utilisation artistique pour ses propres oeuvres, il cherche à se faire initier aux secrets de cet art millénaire. Après cette première rencontre, eurent lieu des leçons au cours desquelles Seizo Sugawara initia Dunand en lui révélant contre toute attente les anciens et traditionnels procédés du laque oriental. Ses recherches personnelles lui permirent de progresser dans cette voie sans pour autant livrer immédiatement au public l'objet de ses recherches. Ne s'estimant pas suffisamment préparé, il continuait à exposer ses dinanderies sans faire intervenir la laque dans ses décorations.
Le 24 mai 1912 naquit le deuxième enfant de Dunand, Louise Amélie (qui préféra par la suite se faire prénommer "Alix").
En février 1913, Raymond Poincaré, Président de la République française, honore de sa présence le vernissage officiel du VIIIème Salon des Artistes décorateurs. Il admire, en passant à l'entrée, un vase monumental de Dunand mesurant près d'un mètre trente de haut, dont le corps est orné de deux cobras dressés sur toute sa hauteur. Le président peut également voir, dans une vitrine, d'autres vases tout aussi exceptionnels. On peut considérer les pièces de dinanderie de l'année 1913 comme les plus belles que Jean Dunand ait jamais réalisées. Le vase Serpents pour ne parler que de celui-là est un des chefs-d'oeuvre de l'art du métal. Dunand participe à des expositions à São Paulo, à Munich, à Gand, à Zurich... En mai, nouvelle participation au Salon de la Nationale avec, entre autres, la fameuse pendule Caducée exécutée pour son ami le couturier Jean-Philippe Worth.
En février 1914, au cours du vernissage du Salon de la Société des Artistes décorateurs, le président de la Société complimenta en termes appuyés l'oeuvre de Jean Dunand.
Le 31 mai 1914 est le jour de la naissance du troisième enfant de la famille, Pierre Philippe Alphonse.
La guerre surprend Jean Dunand en pleine activité créatrice et, quoique de nationalité suisse, il y prend part dès août 1914 comme "engagé volontaire" à la Croix-Rouge française, où il est nommé conducteur d'ambulance. Dès les premiers jours de la guerre de tranchées, François-Louis Schmied est gravement blessé et perd l'usage d'un oeil. A la suite de cette blessure, due à l'éclatement d'un obus, Dunand étudie un nouveau modèle de casque avec visière relevable amovible, puis met au point le premier casque en acier au manganèse, embouti à froid d'une seule pièce. Toutes les autorités compétentes s'accordèrent à reconnaître les avantages et l'efficacité de l'innovation de Jean Dunand contre les éclats d'obus, les projections de terre et les jets de liquide enflammé.
Le 21 janvier 1918 naquirent les jumeaux Jean-Louis et Suzanne.