1936-1938

Une présentation des esquisses et maquettes du projet Normandie fut organisée en mars 1936 à la galerie Charpentier, pour faire découvrir, à ceux qui n'avaient pu visiter le glorieux bâtiment, une réduction du fumoir, et leur faire comprendre l'extraordinaire tour de force technique et artistique exprimé par la réalisation de ces laques.

Au XXVIème Salon des Artistes décorateurs, en mai, un grand panneau figurant Deux Panthères s'abreuvant à une source parmi de hautes herbes fut exposé. A côté, deux vitrines de vases et de coupes en dinanderie laquée rappelaient aux visiteurs que Jean Dunand continuait à réaliser des objets plus modestes malgré les prestigieuses commandes dont il avait été honoré. Jean Dunand fit également partie de la section d'artistes français qui composèrent, dans le cadre de la VIème triennale internationale de Milan, la délégation officielle.

En 1937, l'Exposition internationale eut lieu à Paris. Pour la première fois, une classe de laque fut ouverte, et Jean Dunand en fut nommé Président. Il était également vice-président du groupe des Métiers d'art et membre du jury. C'est à cette occasion qu'il présenta un immense panneau en bas-relief représentant La Moisson. A la fin de la manifestation, la Ville de Paris se porta acquéreur de cette frise agreste. Une oeuvre tout aussi gigantesque, représentant les régions de France venant à Paris à l'Exposition, fut acquise par l'Etat. En 1957, elle sera déposée auprès de la Ville de Sélestat, en Alsace, qui la restituera à l'Etat en 2014.

Pour cette Exposition, la Société des Artistes décorateurs décida de renouveler son expérience de 1925 en construisant son propre Pavillon, pour y abriter les oeuvres de ses membres. Un salon-fumoir, salon de musique, avait été confié à Porteneuve, décorateur-ensemblier qui avait repris la direction de l'atelier de Ruhlmann à la mort de celui-ci. Il demanda à Jean Dunand de réaliser les parements de laque vert fonçé sur les murs. Dans une section rétrospective consacrée à E.-J. Ruhlmann, on avait plaçé une vitrine de vases en dinanderie laquée, avec deux paravents et deux grands vases de Jean Dunand.

Dans la section d'art religieux, Dunand présentait le panneau L'Annonciation avec son pendant L'Atelier de Joseph, traités l'un et l'autre en laque de Coromandel. Une troisième oeuvre complétait cet ensemble religieux et représentait un projet de mosaïque, maquette de toile peinte en grandeur réelle pour un Christ en Majesté de près de 3 m de haut. Au sol, entre les panneaux, Dunand avait disposé des gros cache-pot en étain martelé ainsi qu'une vasque à l'antique à piètement en bronze à tête de bélier. Dans la section mosaïque du Pavillon de la Céramique, Jean Dunand exposait son autoportrait, et quelques autres panneaux. Enfin, dans le Pavillon de la Manufacture des Gobelins, on pouvait voir son projet de tapisserie Eglogue, peint sur toile en grandeur nature, sorte de poème pastoral à la gloire des labours, ainsi qu'une portière déjà exécutée par la Manufacture et reprenant le thème de la moisson.

Parallèlement à l'Exposition internationale, l'Union centrale des Arts décoratifs avait organisé au Pavillon de Marsan une présentation consacrée aux Décors de la vie de 1900 à 1925. Les oeuvres de Dunand y figuraient bien évidemment en bonne position.

Un dîner en l'honneur de Jean Dunand fut donné pour clôturer la manifestation de 1937 à la Rôtisserie périgourdine, place Saint-Michel à Paris, le 6 novembre. Il réunissait autour de lui, outre sa propre famille, les laqueurs Ducuing, Hamanaka, Bobot, et Gaston-Louis Vuitton.

L'année 1938 fut assez calme dans les ateliers de Jean Dunand, le prolongement de la crise économique et les menaces de conflits internationaux n'étant guère propices à l'épanouissement des arts. Néanmoins, le 16 mars, Jean Dunand présenta dans son atelier un panneau de laque de dix mètres de long, représentant des biches au bord d'un étang, qui était destiné à l'Ambassade de France à Ankara, en Turquie. Au Salon d'Automne, on notait un paravent aux figures hiératiques, tandis que l'annuelle manifestation du Salon des Animaliers était pour Dunand l'occasion de puiser dans son stock pour présenter cette étrange ménagerie qui constitue l'un des attraits de son oeuvre. A ce propos, il est amusant de savoir que Dunand, aimant travailler d'après nature, avait apprivoisé chez lui un ocelot venant d'Amérique centrale. Il vivait dans une des cours de son vaste atelier et, pendant deux années consécutives, il paniqua les poules que Dunand élevait par ailleurs pour obtenir les coquilles d'oeuf nécessaires à certains de ses décors.

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